La pratique et l'offre
photographiques se sont aujour'hui banalisées : mais qu'en est-il d'une éducation du regard susceptible d'accompagner au mieux ce phénomène public, pour faire du passant sursaturé
d'images un regardeur en éveil, un amateur plus averti ?
En effet, à bien considérer "ce qui fait arrêt" et fascination devant telle ou telle photographie, comment ne pas interroger, en amont du clic, la qualité du regard-opérateur qui l'a
portée jusque-là, prise dans ce lent murissement d'une geste artistique singulière, nourrie d'attente et de veille...et trouvant en cet instant même à s'actualiser, avant que de
s'évanouir, presque souvenir déjà.
C'est de cette frontière, de cette indécidable et désirable frontière, que nous entretient l'oeuvre de Jean-Luc Douat. Prenant appui
sur un subtil travail de noir et blanc, déclinant à l'envi ombres et lumières, elle excelle à jouer du paradoxe qui vient associer rigueur des lignes et sfumato ambiant. De cette qualité
d'éclairement peut naître alors une intériorité sensible, apte à habiter l'espace nu et froid des modernités urbaines.
Et si l'humaine solitude semble s'y chercher quelque place, la présence, elle, s'y trouve sans cesse magnifiée par le pur linéament à contre jour de corps silhouettés.
Et si une certaine mélancolie de l'âge s'y invite, il n'est, encore et toujours, que de se laisser captiver par les fréquents retours de l'artiste sur l'enfance pour parachever, en toute
tendresse et innocence, l'effet d'humanité.
Mais approchez-vous des photoraphies de Jean-Luc Douat...leurs "lignes de fuite" ne peuvent que venir à votre
rencontre...visant au coeur et à l'émotion...pour finir par impressionner durablement le film de la vie !
Claude
Barrère (novembre 2012)